parce qu'être lesbienne c'est un combat
Bien sûr en France aujourd'hui on peut être lesbienne, vivre sa petite vie de lesbienne sans trop de soucis (quoique beaucoup moins évident pour nos copines des cités, pour certaines filles issues d'autres cultures, pour celles qui ont un look un peu trop butch!). On peut, on peut. Mais n'oublions pas qu'on peut parce que d'autres se sont battues, parce que pendant des générations et des générations d'autres ont du se planquer, se marier... Un peu plus tard d'autres se faisaient arrêter pour port prohibitif de pantalon...
Combien de vies gâchées? Combien de suicides?
Alors, bien sûr on peut revendiquer le droit à l'indifférence... Mais c'est oublier un peu vite notre propre histoire. Ca relève de l'individualisme. Oui, on peut vivre pour soi, avoir sa petite vie peinard avec sa meuf, se pacser ; et puis quand elle part, on peut en rencontrer une autre sur gay vox... De même qu'on peut surconsommer, acheter tout ce qu'on peut sans jamais se soucier des dégats occasionnés sur la planète, sans jamais se soucier des l'autre côté du monde, de tous ceux qui crèvent de tout ce que NOUS on consomme.
On peut, on peut, c'est même facile.
Mais c'est oublier que les femmes en général et les lesbiennes en particulier n'ont pas encore acquis tous leurs droits partout sur la planète.
C'est oublier que ce qui est acquis n'est pas forcément éternel.
C'est oublier qu'en ces temps de Sarkosysme bling bling nos amis amériacains remettent en cause les droits à l'avortement, les droits des homos...
C'est oublier qu'en France on ne peut pas faire d'insémination, on ne peut pas se marier (et c'est pas pour demain la veille avec Boutin au gouvernement!)
c'est oublier qu'au mieux dans quelques décennies dans nos rêves les plus fous on aura les mêmes droits à condition de fondre dans la masse...
C'est oublier que notre société nous accepte à condition qu'on ne fasse pas de bruit, qu'on soit comme les autres.
Mais bordel, on n'est pas comme les autres.
On a aussi le droit de vivre autrement.
De penser autrement.
On n'est pas seulement des petits couples bien gentils qui consomment comme les autres.
Si être lesbienne n'est pas un choix au départ, cela peut en devenir un... celui d'inventer sa vie, celui de s'ouvrir, d'avoir l'opportunité de vivre autrement, de réfléchir un peu plus.
Bien sûr c'est plus risqué, il y a moins de garde-fous, bien sûr on se casse la gueule plus souvent que les autres, mais c'est pour mieux rebondir.
Les lesbiennes ne sont pas des hétérotes qui vivent ensemble en s'endormant tendrement après s'être gentiment effleuré le pipi.
Etre lesbienne s'est subversif et ça fait bien chier le monde.
Mais pour ça il faut revendiquer sa différence.
Voilà c'était le coup de gueule du soir, bonsoir!