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17 avril 2008

Hommage à Aimé Césaire

   Le grand poète de la négritude nous a quitté aujourd'hui. Hommage à son combat, hommage à sa poésie.
Extraits du Cahier d'un retour au pays natal :

 

" Et ni l'instituteur dans sa classe, ni le prêtre au catéchisme ne pourront tirer un mot de ce négrillon somnolent, malgré leur manière si énergique à tous deux de tambouriner son crâne tondu, car c'est dans les marais de la faim que s'est enlisée sa voix d'inanition (un-mot-un-seul-mot et je-vous-en-tiens-quitte-de-la-reine-Blanche-de-Castille, un-mot-un-seul-mot, voyez-vous-ce-petit-sauvage-qui-ne-sait-pas-un-seul-des-dix-commandements-de-Dieu)
   car sa voix s'oublie dans les marais de la faim, et il n'y a rien, rien à tirer vraiment de ce petit vaurien,
   qu'une faim qui ne sait plus grimper aux agrès de sa voix
   une faim lourde et veule,
   une faim ensevelie au plus profond de la Faim de ce morne famélique"

[...]

   " et au milieu de tout ça je dis hurrah! mon grand-père meurt, je dis hurrah! la vieille négritude progressivement se cadavérise.
Il n'y a pas à dire: c'était un bon nègre.

Les Blancs disent que c'était un bon nègre, un vrai bon nègre, le bon nègre à son bon maître.
Je dis hurrah!
C'était un très bon nègre,
la misère lui avait blessé poitrine et dos et on avait fourré dans sa pauvre cervelle qu'une fatalité pesait sur lui qu'on ne prend pas au collet ; qu'il n'avait pas puissance sur son propre destin ;  qu'un Seigneur méchant avait de toute éternité écrit des lois d'interdiction de sa nature pelvienne ; et d'être le bon nègre ; de croire honnêtement à son indignité, sans curiosité perverse de vérifier jamais les hiéroglyphes fatidiques.

C'était un très bon nègre

et il ne lui venait pas à l'idée qu'il pourrait houer, fouir, couper tout, tout autre chose vraiment que la canne insipide

C'était un très bon nègre.

Et on lui jetait des pierres, des bouts de ferraille, des tessons de bouteille, mais ni ces pierres, ni cette ferraille, ni ces bouteilles...
O quiètes années de Dieu sur cette motte terraquée!

et le fouet disputa au bombillement des mouches la rosée sucrée de nos plaies.

Je dis hurrah! La vieille négritude
progressivement se cadavérise
l'horizon se défait, recule et s'élargit
et voici parmi les déchirements de nuages la fulgurance d'un signe"


 
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Commentaires
F
Très beau choix :) Bises<br /> très beau nombril également ;) Bises
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